Quand l’art s’invite au collège
Au collège de Liart, dans les Ardennes, l’art a quitté les cahiers pour s’inviter sur les murs. Depuis quelques semaines, l’entrée principale de l’établissement ne passe plus inaperçue : une fresque monumentale, vive et joyeuse, accueille chaque matin les élèves, les enseignants et les visiteurs. Une œuvre haute en couleur… et en symboles, conçue et réalisée par les élèves eux-mêmes.
Une idée simple qui fait sens
L’initiative est née au début de l’année scolaire, à la suite d’un échange entre le professeur d’arts plastiques, Mme Laforêt, et plusieurs élèves en quête de projets “concrets et différents”. “On voulait créer quelque chose qui reste, quelque chose que tout le monde verrait tous les jours”, explique-t-elle. Très vite, l’idée d’une fresque collective a séduit l’équipe pédagogique. Avec l’accord du chef d’établissement, M. Renaud, le projet a été intégré aux cours d’arts plastiques des classes de 4eC et 4eD, en lien avec les enseignements de français et d’histoire de l’art.
Un projet pédagogique et humain
Durant plusieurs semaines, les élèves ont d’abord travaillé sur papier, esquissant leurs idées, discutant de couleurs, de symboles, d’univers visuels. Encadrés par leur enseignante et accompagnés par Charles Neubach, un artiste muraliste local invité en résidence, ils ont appris à composer ensemble, à superposer leurs styles, à imaginer une œuvre qui serait à la fois personnelle et collective.
Chaque élève a apporté sa touche : une phrase, une forme, une silhouette, un motif. Certains ont dessiné des éléments de nature, d’autres des scènes de la vie quotidienne ou des clins d’œil à leurs passions. “C’est la première fois qu’on me laisse autant de liberté en cours”, confie Yacine, 13 ans, pinceau à la main. “Et surtout, on voit le résultat, il est là, sous nos yeux.”
Un effet immédiat sur la vie du collège
Mais ce qui a le plus marqué les participants, c’est sans doute l’ambiance créée autour du projet. Loin du cadre scolaire habituel, les élèves ont collaboré dans un esprit d’entraide rarement observé dans une salle de classe. “On a appris à écouter les idées des autres, à ajuster les nôtres. Ça nous a soudés”, souligne Lina, élève de 4e. “Même ceux qui d’habitude sont plus en retrait se sont investis.”
L’impact est allé bien au-delà des deux classes impliquées. Depuis l’inauguration de la fresque, les réactions fusent. Tous les matins, les élèves s’arrêtent quelques secondes devant ce mur coloré, qui casse la monotonie des couloirs gris et invite à commencer la journée autrement. “C’est devenu un symbole de notre collège”, résume M. Renaud, le principal. “Une preuve qu’en laissant de la place à la créativité, on transforme l’espace… et l’ambiance.”
Vers une école plus vivante
L’expérience a fait des émules. Plusieurs autres classes ont d’ores et déjà proposé de décorer les escaliers, la cour de récréation ou même la cantine. Des idées de fresques sur le thème du développement durable ou de l’égalité filles-garçons sont en discussion. Un budget participatif pourrait même être lancé pour permettre aux élèves de choisir collectivement les prochains lieux d’intervention artistique.
Au-delà des pinceaux, ce que cette aventure a révélé, c’est le besoin d’expression, de visibilité et de reconnaissance chez les jeunes. “On a souvent l’impression que notre avis ne compte pas”, confie Aya, en 4e. “Là, on a été écoutés. Et ça fait du bien.”
En définitive, ce mur peint à la main n’est pas seulement une œuvre d’art : c’est une déclaration. Une déclaration de confiance, de liberté et de beauté dans un lieu souvent perçu comme contraint. Une manière de dire que l’école peut être plus qu’un lieu d’apprentissage un lieu d’épanouissement, de partage et de construction collective.