Une rentrée pas comme les autres : quand les émotions s’invitent en classe
Depuis la rentrée, quelque chose a changé dans cette petite école de la Drôme. Le matin, avant d’ouvrir les cahiers, les élèves de CE2 s’installent en cercle. Ils ferment les yeux quelques secondes. Puis, chacun prend la parole pour dire comment il se sent. Triste, stressé, heureux, fatigué… Tout est permis.
Ce rituel, appelé “la météo intérieure”, est mis en place par leur enseignante, Émilie, convaincue que les émotions sont aussi importantes à apprendre que les tables de multiplication.
Apprendre à se connaître, dès le primaire
Depuis quelques années, de plus en plus d’écoles primaires intègrent dans leur programme des temps dédiés à l’éducation émotionnelle et sociale. Ce n’est pas une mode, mais une réponse à un vrai besoin. Car les enfants d’aujourd’hui sont souvent exposés très tôt à des sources de stress : rythmes intenses, écrans, conflits familiaux, environnement anxiogène…
« Il ne s’agit pas de faire de la psychologie », précise Émilie. « Juste de leur donner les mots pour exprimer ce qu’ils ressentent. Et de leur montrer qu’ils ont le droit d’aller mal, et qu’on est là pour les écouter. »
Des outils simples, mais puissants
Dans la classe, plusieurs petites pratiques sont intégrées à la journée :
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La boîte à soucis, dans laquelle les enfants peuvent glisser un mot s’ils ont un problème.
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Le coin calme, avec coussin, livres et sablier, pour se poser quand les émotions débordent.
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Des jeux de rôle pour apprendre à gérer un conflit sans crier ni frapper.
Ces outils sont simples, peu coûteux, et pourtant, ils changent l’ambiance de la classe.
« Avant, j’avais souvent des bagarres dans la cour », raconte un directeur d’école en région lyonnaise. « Depuis qu’on travaille sur les émotions, les enfants parlent plus, et frappent moins. »
Des effets visibles à tous les niveaux
Les enseignants le constatent : les enfants plus calmes, mieux compris, sont aussi plus concentrés. Moins de stress, c’est plus de disponibilité pour apprendre. Et les parents eux-mêmes sont souvent bluffés.
« Ma fille m’a expliqué ce qu’était l’empathie », confie une maman. « Elle m’a dit : ‘Maman, il faut imaginer ce que l’autre ressent.’ Je suis restée sans voix. »
Ces apprentissages vont au-delà de l’école. Ils préparent aussi les citoyens de demain, capables d’écouter, de dialoguer, d’éviter la violence.
Une école qui prend soin, vraiment
Ce type d’initiative n’est pas encore généralisé. Mais il séduit de plus en plus de professionnels de l’éducation. Il est soutenu par certaines académies, et de nouvelles formations se mettent en place pour les enseignants.
Alors que les défis du monde scolaire sont nombreux, certains choisissent une voie simple : remettre l’humain au centre de l’école.
Et cela commence souvent par un petit moment, chaque matin, où l’on prend le temps de dire “Aujourd’hui, je me sens…”