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Enseigner aujourd’hui usés, debout, et toujours là

Fatigue, passion et résistance : dans la peau d’une prof de collège en 2024

“On ne fait pas ce métier pour la reconnaissance.” Cette phrase, Sophie, professeure de mathématiques en collège depuis 18 ans, la répète presque mécaniquement. Elle ne l’a pas apprise dans un manuel, elle l’a vécue, jour après jour, entre copies à corriger, réunions à rallonge et élèves aux besoins toujours plus variés.

Mais malgré les coups de mou, elle est toujours là. Parce qu’un regard allumé pendant une explication sur les équations, ça n’a pas de prix. Parce qu’un élève en difficulté qui progresse, c’est un petit miracle. Et parce que les enseignants tiennent bon, même quand le système tangue.

Des journées à rallonge… et des nuits trop courtes

“Je commence à 8h. Mais en réalité, je suis debout bien avant : pour mes enfants, pour préparer les cours, pour corriger les devoirs laissés de côté la veille.” Le planning est millimétré. Entre les heures devant les élèves, les surveillances de récréation, les conseils de classe, les bulletins et les appels aux familles, les pauses sont rares. La cloche sonne souvent sans avoir laissé le temps de souffler.

Et puis il y a les émotions à gérer : l’élève qui craque, celui qui défie, celle qui disparaît soudainement du radar sans explication. Sophie le dit : “On est aussi un peu psy, un peu assistante sociale, un peu médiatrice. Le savoir disciplinaire, ce n’est qu’une partie du boulot.”

Des réformes qui s’empilent, des repères qui glissent

Depuis quelques années, les réformes s’enchaînent. Nouvelles modalités d’évaluation, programmes modifiés à la dernière minute, injonctions à la différenciation… Beaucoup d’enseignants ressentent un essoufflement. “On a l’impression de reconstruire notre métier en permanence, sans filet.”

Et pourtant, au fond de la salle, les élèves attendent. Même les plus agités, les plus perdus. “Ils nous testent, bien sûr. Mais ils ont surtout besoin qu’on soit là. Présents. Stables. Bienveillants. Et exigeants aussi.”

Des raisons d’y croire encore

Ce qui fait tenir ? Les collègues. Cette entraide discrète mais vitale. Un mot glissé en salle des profs. Une blague au bon moment. Et surtout, ces moments de grâce : un projet qui prend vie, une classe qui se passionne, un élève qui dit simplement : “Merci, j’ai compris aujourd’hui.”

Beaucoup rêveraient d’un système plus soutenant, d’une hiérarchie plus à l’écoute, de moyens renforcés. En attendant, ils font avec. Et ils font beaucoup.

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