Remplacement des enseignants absents une crise silencieuse qui épuise l’école
C’est un problème dont on parle peu, mais qui touche directement les élèves, les parents, et l’ensemble de la communauté éducative l’absence non remplacée des enseignants. Chaque semaine, dans de nombreux collèges et lycées, des heures de cours s’envolent, faute de remplaçants disponibles. Résultat des élèves laissés sans professeur, des équipes pédagogiques sous tension, et une école qui perd en crédibilité.
Des absences de plus en plus longues et fréquentes
Si les absences ponctuelles ont toujours existé, on observe aujourd’hui un phénomène nouveau : l’impossibilité de les compenser rapidement. Dans certaines académies, des classes de français ou de mathématiques restent sans enseignant pendant plusieurs semaines. À Paris, Lyon, Marseille ou en zones rurales, le constat est le même : le vivier de remplaçants est à sec.
En cause ? Un manque d’anticipation, des conditions de travail peu attractives, des processus de recrutement trop lents et parfois le désengagement. Beaucoup de contractuels refusent des remplacements courts, mal payés et à plusieurs heures de route.
Des élèves en perte de repères
Pour les élèves, ce sont des heures de cours cruciales qui s’envolent. En collège, cela signifie des semaines sans grammaire, orthographe ou calculs. En lycée, cela met en péril des programmes déjà denses, voire des révisions de baccalauréat.
Plus grave encore l’instabilité provoque un désintérêt. Les élèves se désengagent, perdent le rythme, et certains décrochent totalement. Quand l’école ne tient plus ses promesses de continuité pédagogique, la confiance vacille.
Les équipes éducatives tirent la sonnette d’alarme
Sur le terrain, les chefs d’établissement, les professeurs principaux et les CPE improvisent, bricolent, compensent. Des collègues acceptent de prendre des heures supplémentaires pour assurer un semblant de suivi. Des assistants d’éducation animent des « heures d’étude surveillée ». Mais ce n’est pas suffisant. Le système s’épuise.
« On ne peut pas être partout à la fois », confie un principal de collège en banlieue toulousaine. « Nos équipes sont déjà fragiles. Ce manque de remplaçants crée des tensions permanentes. »
Quelles solutions durables ?
Face à cette situation, plusieurs pistes sont avancées. Mieux rémunérer les remplaçants. Recruter davantage de contractuels sur listes d’attente. Alléger la paperasse administrative pour accélérer les affectations. Favoriser les remplacements inter-établissements au sein d’un bassin de vie.
Mais au-delà des mesures ponctuelles, c’est toute la stratégie de gestion des ressources humaines de l’Éducation nationale qui doit être repensée. Redonner de l’attractivité au métier. Créer des « brigades mobiles » académiques. Offrir de meilleures conditions aux entrants dans la profession.